En hausse inquiétante depuis quelques années, les cyberviolences peuvent être définies comme des comportements d’agression portant atteinte à l’intégrité physique, sexuelle, psychologique, économique ou sociale d’une personne via les médias numériques (Internet, textos, courriels, médias sociaux, sites de clavardage, jeux vidéo en communauté, etc.).
Bien qu’elles soient faites de manière virtuelle, elles ont des répercussions bien réelles.1 Les cyberviolences que l’on rencontre le plus fréquemment peuvent être des comportements violents ou des infractions criminelles.
Personne n’est à l’abri des cyberviolences, mais nous abordons ici plus particulièrement celles faites aux femmes et aux filles parce que ce sont elles qui en sont le plus atteintes.
(Cyber)misogynie: Haine envers les femmes ou préjugés envers celles-ci, notamment qu’elles seraient inférieures aux hommes.2
(Cyber)sexisme: Forme de discrimination basée sur le sexe qui repose sur un ensemble de croyances, de valeurs, d’attitudes et de modèles stéréotypés. Il divise rôles, habiletés, intérêts et comportements selon le sexe, ce qui a pour effet de limiter le développement de l’individu (le plus souvent les femmes) sur tous les plans : personnel, professionnel et social.2
Léa Clermont-Dion explique quels sont les différents types de cyberviolences auxquels font face les femmes, comme le «bodyshaming» et le «slutshaming», qui sont les attaques les plus fréquentes qu’elles subissent en ligne.
Selon la façon dont les comportements violents se manifestent dans leur contexte, ils peuvent parfois devenir des infractions criminelles.
Body shaming: Expression anglaise qui signifie «humiliation du corps». C’est intimider quelqu’un.e ou s’en moquer à cause de son physique, considéré comme atypique.5
Slut shaming: Néologisme composé des mots anglais slut (salope) et shame (honte). Slut shaming désigne le fait de critiquer, stigmatiser, culpabiliser ou encore déconsidérer toute femme dont l’attitude, le comportement et/ou l’aspect physique sont jugés provoquants, trop sexuels ou immoraux. Les attaques peuvent être physiques ou morales et entretiennent l’idée que le sexe est dégradant pour les femmes.6
Trolling: Le trolling en ligne est défini comme étant un comportement trompeur, destructeur ou perturbateur dans divers environnements sociaux sur Internet pour nulle autre raison que le plaisir. Les trolls aiment semer le trouble et exploiter les points sensibles pour jouer avec les émotions des autres.7
(Cyber)intimidation: Au Québec, l’intimidation est définie par la Loi sur l’instruction publique comme tout comportement, parole, acte ou geste répété qui a pour effet d’engendrer des sentiments de détresse et de léser, blesser, opprimer ou ostraciser une personne. L’intimidation se caractérise par un contexte d’inégalité des rapports de force entre les personnes concernées. On parle de cyberintimidation lorsqu’elle se produit dans le cyberespace.8
Doxxing: Le terme doxxing tire son nom de l’extension de fichier .docx, c’est-à-dire les documents créés par le logiciel Word. Plus largement, il fait référence à la fuite d’informations ou d’éléments personnels concernant un individu ou une entreprise, sans le consentement de la personne ou de l’entreprise en question. Le but est souvent de dénoncer la cible, voire de lui nuire.9
Vidéolynchage: Pratique répréhensible dans laquelle un.e adolescent.e ou un groupe d’adolescent.e.s agresse ou humilie une victime, qui leur est généralement inconnue, pendant qu’un.e complice filme la scène avec son téléphone cellulaire.10
Au Canada, les infractions criminelles sont définies par le Code criminel.
(Cyber)harcèlement: Au Canada, il est criminel de se comporter d’une manière qui fait craindre à une personne pour sa sécurité (physique ou psychologique) ou celle d’une de ses connaissances. Le harcèlement est un crime, peu importe le moyen de communication utilisé, qu’il soit en ligne ou hors ligne. Le harcèlement n’a pas besoin d’être répétitif pour être criminel.
Conseil au suicide: Au Canada, il est criminel de conseiller une personne à commettre un suicide ou d’encourager une personne à se donner la mort. Une personne peut en être trouvée coupable même si la victime n’a pas essayé de se suicider.
Exploitation sexuelle: Au Canada, il est criminel pour toute personne en situation d’autorité ou de confiance envers un.e adolescent.e de toucher une partie du corps de l’adolescent.e à des fins sexuelles. Il en est de même si la personne en situation d’autorité ou de confiance invite ou incite l’adolescent.e à la toucher, à se toucher soi-même ou à toucher une autre personne à des fins sexuelles. Même si l’adolescent.e donne son consentement, ce consentement n’est plus valide dès qu’il existe une relation d’autorité ou de dépendance.
Faux renseignements: Au Canada, il est criminel de communiquer des renseignements faux par lettre ou tout moyen de télécommunication dans le but de nuire à quelqu’un.e ou de l’alarmer.
Incitation à la haine: Au Canada, il est criminel de faire des déclarations dans un endroit public (ce qui inclut les réseaux sociaux) qui encouragent les gens à manifester de l’animosité ou à entreprendre des actions contre un groupe de personnes identifiables, par exemple, par la couleur de peau, la religion, l’origine nationale ou ethnique, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre.
Leurre: Au Canada, il est criminel de communiquer avec une personne de moins de 18 ans avec quelconque moyen de télécommunication dans le but de commettre une infraction. Par exemple, il est interdit de communiquer avec une personne de moins de 18 ans avec un ordinateur dans le but de commettre une infraction à caractère sexuel comme de l’exploitation sexuelle. Il est également interdit de tromper par quelconque moyen de télécommunication une personne de moins de 14 ans pour faciliter son enlèvement.
Menaces: Au Canada, il est criminel de faire ou de transmettre des menaces de causer la mort, des blessures ou une agression sexuelle à une personne ou un groupe de personnes, de brûler, détruire ou endommager des biens ou de tuer, empoisonner ou blesser l’animal d’une personne.
Pornographie juvénile: Au Canada, il est criminel de mettre en scène des personnes de moins de 18 ans dans un contexte ou un but sexuel. Il est interdit de produire, distribuer, posséder ou donner accès à de la pornographie juvénile.
Publication non consensuelle d’une image intime: Au Canada, il est criminel de publier, distribuer, transmettre, vendre ou rendre accessible une image intime d’une personne, ou en faire la publicité, sans son consentement. La pornographie vengeresse (revenge porn) en est un exemple.
(S)extorsion: Au Canada, il est criminel de s’adonner à une forme de chantage dans le but d’obtenir un avantage, comme de l’argent. On parle de sextorsion lorsque le but est d’obtenir des faveurs sexuelles, y compris de la pornographie.
1 Adapté de Tech Without Violence, 2016; Relais-femmes, 2020
2 Ministère de l’éducation et ministère de l’Enseignement supérieur, 2020
3 Statistiques Canada : Statistiques sur les crimes déclarés par la police au Canada, 2020
4 UN Broadband Commission for Digital Development, “Cyber Violence Against Women and Girls: A World- Wide Wake-Up Call”, 2015
5 Radio-Canada, 2018
6 Conseil du statut de la femme, 2021
7 Psychomédia, 2014
8 Loi sur l’instruction publique, RLRQ c I-13.3
9 Vigneault, 2019
10 Office québécois de la langue française, 2007
Victime de cyberviolences? Il y a des solutions. Que ce soit par un procès ou par une démarche à l’extérieur des tribunaux, des recours existent pour mettre fin à la situation et vous permettre de faire valoir vos droits.
«Le Fonds TELUS est fier de participer au documentaireJe vous salue salope : La misogynie au temps du numérique, ainsi qu’à son site Web.
Ce projet s’harmonise parfaitement avec le mandat du Fonds qui a pour but de favoriser la santé et le mieux-être des Canadiens.»
– Elizabeth Friesen, directrice générale du Fonds TELUS
Site officiel du film Je vous salue salope : la misogynie au temps du numérique
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